Quand faut y aller, il faut y aller… Dans quelques jours nous vivrons une double rentrée : CP et petite section, bim, bam, BOOM.
À toi la maman, le papa, qui se fait mille films sur cette rentrée, que cela peut empêcher de dormir et qui a le ventre qui se serre à imaginer cette scène de laisser son enfant pour son premier jour d’école : je te comprends ET ça va aller !
Nous ne sommes pas tous égaux face à nos émotions, moi j’ai toujours fait partie de la team des pleurs à n’en plus finir avant, pendant et après les rentrées ! Dès le début de leur dernière année de crèche cette image de rentrée scolaire s’immisce dans ma tête pour ne plus la quitter jusqu’à ce fameux jour. Et ce fameux jour il est là, devant moi, et mon ventre se tord à cette idée. J’ai longtemps cherché à comprendre mes peurs, mes angoisses et ce trop plein d’émotions. Est-ce de voir mes enfants grandir ? Je ne crois pas. Même si bien sûr je suis toujours un peu nostalgique, je suis surtout heureuse de les voir grandir et s’épanouir jour après jour. Je crois que mon blocage est plutôt du côté : « jeté dans la cage aux lions », ouais j’y vais cash, sans détour mais c’est ce que j’ai toujours ressenti. Après 3 ans dans une crèche très bienveillante, à l’écoute des émotions de l’enfant, l’école a toujours été synonyme pour moi d’un grand saut dans le monde réel, et c’est cette idée qui me tord les boyaux. L’imaginer devoir se débrouiller seule plus souvent, avoir des horaires pour aller aux toilettes, se faire bousculer dans la cour ou ne pas se faire de copains, ça c’est insupportable pour mon cœur de maman. Comme beaucoup de parents, j’aimerais les laisser dans cette bulle de douceur, protégés et bercés par ces petites structures où on a le temps de considérer un chagrin et de l’adoucir.
Pourquoi cette image de l’école me hante ? Aucune responsabilité aux formidables maîtres et maîtresses que j’ai croisés dans la scolarité de mon fils, investis, passionnés et à l’écoute. Non je crois que c’est une histoire plus personnelle, celle qui remonte à ma propre enfance. J’ai peu de souvenirs de l’école maternelle mais mon fils a été dans ma propre école et quand je suis arrivée devant je peux vous dire que mes jambes ont eu du mal à me soutenir. Ma maman m’a toujours raconté comme les séparations étaient difficiles pour moi, plus je m’approchais de l’école, plus elle sentait ma petite main serrer la sienne et ça c’est un sentiment dont je me souviens parfaitement. Bim. Voilà la faille.
J’ai vécu cette première rentrée en petite section pour mon fils il y a 3 ans et croyez-moi il ne valait mieux pas voir cela ! Le ventre serré, la gorge nouée, le cœur qui battait beaucoup trop fort dans ma poitrine. La réalité c’est que j’ai projeté sur mon fils toutes mes peurs et mes angoisses. Fatale erreur. Se mettre à la place de son enfant avec son vécu personnel, lui imaginer un ressenti différent, une peur de l’abandon, tout cela c’est MOI, pas lui. Le soir sur Instagram, et toute la semaine j’ai lu des posts de rentrées formidables où les enfants étaient partis sans pleurs et où les parents se félicitaient de les avoir rendus si sûr d’eux et confiants pour que cela glisse tout seul pour leur rentrée en maternelle. Que ces mots m’ont fait mal…où avais-je échoué pour avoir essuyé tant de larmes, pour avoir dû vivre une séparation affreuse avec mon fils ce jour-là, pour m’être effondrée sur les marches dehors dans les bras de mon mari.
Ne tombe pas là-dedans, il y a ce que tu lui as donné mais aussi le caractère de ton enfant, son degré de sensibilité et sa capacité d’adaptation plus ou moins longue et ce n’est pas un ÉCHEC. J’ai mis du temps à m’en rendre compte mais aujourd’hui je sais, j’ai fait ce que j’ai pu avec mes propres failles et avec mon petit bout sensible.
Cette année je souhaite essayer de mettre ma propre histoire de côté. Si ma fille pleure en nous quittant, si je croise son regard perdu : c’est NORMAL. Je crois profondément que ce sont des émotions normales et saines. Certains enfants iront gaiement à l’école, d’autres auront plus de mal. Certains vont pleurer, certains pleureront en voyant les autres pleurer, certains ne pleureront pas. Cette année j’essaye de ne pas me faire de scénario à l’avance, d’y aller à l’instinct. La préparer à son entrée à l’école oui, enjoliver ce cap comme on l’entend beaucoup autour de nous : « tu te rends compte, ça va être géniaaaaaal », non. Lui en parler avec beaucoup de réalité : « ça va être une nouvelle aventure, tu vas apprendre pleins de choses et aussi pleins de nouveaux codes pour vivre avec tes camarades. Comme à la crèche mais en différent. Un peu plus de monde, un peu plus de bruit mais à côté de ça tu vas apprendre, jouer, t’amuser et découvrir de nouvelles personnes. » Ni plus ni moins.
Je sens qu’un travail s’est opéré en moi durant ces trois dernières années d’école. Mon cœur est toujours aussi serré mais j’ai plus confiance et puis je connais aussi un peu plus le système scolaire. Je sais qu’avec ma fée rien n’est prévisible, elle est surprenante, tout le temps. Alors durant ces quelques jours qui nous restent avant ce jeudi prochain je vais juste essayer de la regarder encore grandir sous mes yeux avant ce tout premier jour d’école de sa vie.
Si j’écris tout ça c’est pour dire à toi la maman ou le papa qui lit mes mots et qui a le ventre serré rien qu’en les parcourant : ça va aller. Débarrasse toi de ton histoire personnelle si tu en as une à propos de l’école, ne projette rien, ne te fais pas mille scénarios, ça se passera autrement. Prends une grande respiration, fais confiance à ton enfant, ne prends pas son émotion, accueille là. Ton enfant a le droit de pleurer, c’est sain et libérateur et tu pleureras quand tu auras le dos tourné. Nos enfants grandissent, parfois ça se fait dans la douceur parfois plus brusquement, ce sont des changements pour eux, pour nous mais au final, tout passe. Souviens toi de ton premier jour dans ton nouveau travail, à chercher la machine à café, essayant de te repérer et tentant de sympathiser avec tes nouveaux collègues. Ce n’est pas une posture facile, on tâtonne, on tourne un peu en rond et puis un jour on est plus à l’aise, progressivement, avec du temps. Les enfants sont surprenants, ils ont des ressources qui nous échappent, nous adultes.
En trois années d’école de mon grand, il s’est transformé, il a pris confiance en lui, il a su être accepté tel qu’il était. Ça n’a pas toujours été simple et j’ai dû plusieurs fois toquer à la porte pour remettre des choses en ordre mais il a grandi et moi avec.
À toi mon G qui rentre dans la cour des grands en CP, à toi ma fée qui rentre à l’école maternelle, je pense à vous, j’ai confiance et je serai là, toujours.
À vos côtés, pour vous voir grandir, vous épanouir, vous voir apprendre des choses nouvelles, des émotions nouvelles, des relations nouvelles, qui vous rendront heureux, qui vous rendront malheureux. Je serai là pour écouter vos disputes avec vos amis, vos possibles blocages sur la cantine ou la cour mais aussi vos grandes victoires, vos yeux qui pétillent de savoir déchiffrer un mot ou votre fierté de savoir écrire « papa » ou « maman ».
Vous grandissez, je grandis avec vous mais je reste avec vous, toujours et pour toujours, juste derrière. Une nouvelle page s’écrit, la vôtre, pas la mienne, même si nous sommes liés pour toujours.
Ces trois premières années de vie et d’amour ça reste, ça construit, et ça aide pour le premier jour d’école mais aussi pour toute une vie, soyez-en certain, même si vous devez essuyer quelques larmes.
Bonne rentrée mes enfants et à tous vos amours <3
Je vous embrasse fort mais foooort !
*** Flore ***
6 Comments
Merci Flore pour ce post. C’est exactement mon état d’esprit, et ce que je ressent. Je ne le montre pas à mon fils et espère de tout coeur ne pas faillir devant lui mardi. Il y a des personnes qui m’ont dit, il n’y a pas de raisons de te mettre dans de tels états il a été à la crèche pendant 3ans, c’est pareil! Eh bien comme je leurs ai dit et que tu l’as si bien expliqué, Non! Ce n’est pas pareil.
Tes mots me touchent me touche tellement. Je suis maman d’un petit garçon de bientôt 3 ans qui fait sa rentrée en maternelle mardi et mon coeur de maman est tellement serré.
Je me retrouve dans tes mots : l’impression de le lâcher dans l’arène après 3ans avec une nounou en or.
Plusieurs nuits que je dors très peu, que j’imagine mille fois le laisser à la porte de la classe…. Et toutes ces mesures sanitaires qui rendent cette rentrée encore moins humaine et encore plus angoissante.
Pourtant chaque jour je souris et j’explique à mon fils à quel point l’école c’est chouette parce que c’est à lui écrire son histoire sans mes propres ressentis…
Mais on est d’accord que c’est durla rentrée quand on est une maman « louve »?
Merci Flore pour ces mots.
Des mots justes comme toujours. Un billet sur le blog qui fait du bien. De la lecture du dimanche matin. Une rentrée en GS avec un changement de maîtresse (et me dire je veux pas être à l’étage en haut et lui dire tu as le droit d’avoir peur le changement fait peur parfois la nouveauté aussi mais ensuite on s’adapte) et une rentrée en PS. Et mon grand qui ne cesse de rassurer son petit frère malgré ses craintes à lui….Ventre noué c’est certain… Alors on verre tout ça mardi… Merci Flore.
Whooo.. comme beaucoup de maman, je me retrouve dans ton texte, tes mots.. Le 1er vaccin de ma fille fut pour moi une terrible épreuve.. Et ce n’était que le début des premières fois… 1ère fois à la crèche, 1ere fois à l’école puis la 2ème et là la 3ème et boum mon ventre se tord et en fait on encaisse, on pleure sur la route du retour (pour moi c’est à 5 minutes à pied de chez moi et les gens me regardent un peu bizarre d’ailleurs….) bref comment s’armer pour toutes les prochaines 1ère fois … Bisous, ça fait du bien de te lire !
Ça fait plaisir de te relire
Moi j’ai triché j’ai tout sacrifier pour les mettre dans un cocon aka une petite école Montessori qui est bien au dessus de mes moyens. Ça n’a pas évité leurs pleurs mais ça me permet d’avoir pleine confiance dans le lieu où ils sont et De savoir qu’ils seront accompagnés et respectés dans tous leurs besoins.
Par contre le collège, j’ai envie de vomir rien que de l imaginer car j’y ai vécu l’horreur et comme toi je projette.
Pas facile tout ça mais comme tu dis ça nous fait tous grandir et aussi travailler sur notre vécu.
Belle rentrée à tes enfants
Bonjour,
En tapant sur google « rentrée blues maman » je tombe sur votre post 😉
Ma fille est rentrée à l’école il y a deux semaines et j’ai un énorme blues. Elle pleure tous les matins, et moi je pleure tous les jours après l’avoir laissée. J’ai exactement cette impression que vous décrivez de la laisser dans « la cage aux lions » où elle est toute vulnérable. Dur également de ne pas savoir grand chose de sa journée. A cela s’ajoute la culpabilité de la mettre au périscolaire le mercredi matin car nous travaillons alors qu’elle aurait bien besoin d’une pause au calme à la maison…. Ahhh.. cette fichue culpabilité des mamans ….
Un grand merci pour ces mots qui font du bien !
Marion